Qu'on se le dise... en rose !

C'est n'importe quoi...

mardi, mai 20

Il était une fois...

Quand j'étais syndicaliste!

Oh, ça n'a pas duré longtemps. Je travaillais dans une industrie qui fabriquait des divans et des causeuses. Nous étions "protégés" par les Teamsters, vous savez ce syndicat américain très puissant... très crosseur aussi.

À l'époque, je gagnais $5.00 de l'heure. Les conditions de travail étaient ordinaires, dans mon département, dans celui du rembourrage, elles étaient exécrables, parce que le gérant dudit département était un véritable bourreau.

Un jour, la compagnie a décidé de congédier un employé que j'aimais bien. Un congédiement que je considérais injustifié, selon notre convention collective. C'était de la merde cette convention, mais...

J'ai donc demandé à notre représentant syndical de faire son travail, faire ré-engager notre confrère. Il s'est essayé une première fois, ça n'a pas marché.

La vente commence quand le client dit non.

Quand le représentant est revenu me voir pour me donner les résultats de sa rencontre avec les patrons, je lui ai dit: Regarde, ils n'ont pas le droit de le congédier, on paye des cotisations, c'est pas pour rien, fais ta job. Il a démissionné... et j'ai pris la relève.

Notre confrère a été ré-engagé, grâce une technique de vente. J'ai vendu l'idée au propriétaire de l'usine que, si les employés étaient heureux, ils produiraient mieux. Il a embarqué. Sauf que j'avais des "projets". J'étais tanné d'entendre les employés se plaindre, avec raison, à chaque pause. C'est que le bourreau cité plus haut était vraiment épouvantable...

Quand les patrons ont repris mon confrère, il m'ont en même temps fait un beau cadeau, de la crédibilité, auprès des employés. Ils ont regretté plus tard, et elle est là l'histoire.

J'ai décidé d'organiser une assemblée générale. Pour ça, ça me prenait de l'argent pour louer le local. J'ai téléphoné au représentant Teamster à Montréal pour lui faire part de mes besoins. Il m'a répondu: Ben, ça pourra pas se faire tout de suite, je pars en vacances. Je lui ai répondu: Je n'ai pas besoin de toi, j'ai juste besoin d'argent pour louer le local!

Et l'assemblée eu lieu...

L'assemblée devait se tenir à 7h30. À 7h20... nous étions trois ou quatre. Vous dire que j'étais inquiet. Quand l'assemblée a commencé nous étions plus de 70 sur 80 employés. Le quorum était atteint. ;o)

J'ai fait un discours, évidemment. Mon message se résumait à ceci; Il faut être unis. Il ne faut plus que vous acceptiez de vous faire humilier par ce gérant.

Nous n'étions pas bien payés, notre convention collective était un torchon... mais il y a des limites à l'humiliation. À un moment donné dans mon "discours", j'ai mis le point sur la table, assez fort, et j'ai dit quelque chose comme: Tabarnak, il ne faut plus accepter de se faire chier par ce crétin. Ensemble, on peut le faire.

J'avais aussi prévenu les employés, ils vont tester notre solidarité.

Et ça n'a pas manqué. Le lendemain, à la pause de 9h45, un employé vient me voir et me dit, je résume: Guy, le gérant m'a dit que je ne travaillais pas bien, ce qui n'était pas le cas, et il m'a dessiné une porte sur mon meuble, en voulant dire...

Ma première réaction, je m'en souviendrai toujours: Ah ben tabarnak, le point sur la table, encore, ça marchera pas comme ça. Ça m'a véritablement fâché. J'ai immédiatement eu envie d'aller voir mes patrons...

Sauf que j'étais tellement fâché... que les employés m'ont retenu. Ils m'ont dit Guy, attend à midi. J'ai bien fait de les écouter. À la pause du midi, celui qui s'était fait dessiner une porte... avait reçu des excuses, du gérant imbécile. Notre solidarité était sauvegardée. Trois semaines plus tard, le crétin ne travaillait plus dans l'usine. Je ne me rappelle pas si ce trou-de-cul a été congédié, ou s'il est parti de lui-même, mais la dernière fois que nous l'avons vu, c'était lors d'une pause-diner, à l'extérieur.

Quand je l'ai vu partir, ça m'a inspiré de lui chanter cette "mélodie", et tous ceux qui étaient là ont emboité... Nah nah, nah... hé, hé, good bye!

J'aurais voulu faire plus, comme par exemple améliorer notre convention collective, mais un liche-cul ayant dévoilé ma stratégie aux patrons, j'ai abandonné. Je me suis trouvé un autre travail. Quand, à la pause de 9h45, j'ai annoncé à mes confrères que je quittais, certains m'ont dit; Qu'est-ce qu'on va faire Guy si t'es plus là?

Ma réponse a convaincu mon patron de me payer ma dernière journée, sans que j'aie à travailler. Il en avait assez entendu!

Ce fût une très belle expérience, malgré tout. Nous avons prouvé que, quand on se tient...
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6 commentaire(s):

  • At 20 mai 2008 à 18 h 43, Anonymous Anonyme said…

    Je serais curieux de connaître cette foutue phrase qui a convaincu ton patron de te payer ta dernière journée... ;-)

     
  • At 21 mai 2008 à 06 h 28, Blogger Guy Vandal said…

    Esperanza: Ça ressemblait à...

    Laissez-vous pas faire. Y'en a d'autres "jobs" ailleurs.

    Y'a aussi le liche-cul qui a su ma façon de penser, devant tout le monde. Il a voulu s'expliquer... il aurait du fermer sa gueule.

    Les patrons pouvaient entendre tout ce qui se disait durant les pauses.

     
  • At 21 mai 2008 à 15 h 53, Blogger Zoreilles said…

    Ça, c'est un cas vécu, à n'en pas douter. On sent encore à travers les lignes toute ton... émotion!

    Mais là, j'aimerais mieux comprendre, juste pour ma curiosité personnelle :

    « Les patrons pouvaient entendre tout ce qui se disait durant les pauses ».

    Comment ça? Il y avait un « stool » parmi les 80 employés? Ou bien, pire encore, un traitre allait tout raconter aux patrons?

    Sais-tu quoi, Guy? Je veux pas en rajouter mais j'ai vécu un cas semblable dans l'un de mes premiers jobs... Quand la compagnie a fusionné avec un autre bureau, on a appris, à notre grand étonnement, que Réal, notre collègue, celui qu'on aimait bien, qu'on aurait jamais soupçonné de rien, ben lui, là, détenait depuis toujours 20 % des parts de l'entreprise. Il est devenu rouge comme un homard, il savait à cet instant-là qu'on venait de comprendre qui c'est qui faisait tout le temps fouairer nos démarches de syndicalisation...

    Heille, moi, je travaillais tout le temps avec lui, j'avais rien vu, rien pressenti, rien... Un vrai petit brochet que j'étais... Tellement déçue, écoeurée, blessée même. C'est moi qui suis partie de ce bureau-là, avant qu'il me claire! Il n'aurait pas pu supporter mon regard une seule minute, anyway, tu sais comme je peux être expressive!!!

     
  • At 22 mai 2008 à 10 h 05, Blogger Guy Vandal said…

    Zoreilles: Les patrons pouvaient entendre tout ce qui se disait durant les pauses, parce que leurs bureaux n'étaient pas loin.

    Et oui, il y avait aussi un traitre dans la gang...

    Quand j'ai pris la "job", lui il s'est nommé responsable de l'autre département. Au début je n'en ai pas fait de cas. Mais quand je me suis rendu compte qu'il avait pris la place... pour tout raconter aux patrons, ça m'a donné une claque, et pas à peu près.

    Je ne lui ai pas crissé une volée, parce que je ne suis pas violent, ou en tout cas, pas assez gros pour l'être. Mais je te jure qu'il a su ma façon de penser.

    Le matin où j'ai annoncé que je quittais, je l'ai regardé dans les yeux et je lui demandé, assez fort pour que tous le monde comprennent; Et puis la "lavette", es-tu content, je m'en vais?

    Oh qu'il se sentait "cheap".

    Il m'a dit; Guy, viens t'asseoir, on va s'expliquer. Je lui ai carrément dit; Mange de la marde tabarnak, j'ai pas une minute à perdre avec un trou-de-cul comme toé...

    Non mais, il me semble qu'il aurait mérité une ostie de bonne claque sur la gueule!

     
  • At 22 mai 2008 à 14 h 19, Blogger Zoreilles said…

    Il y a des vérités garrochées avec coeur, en pleine face, qui font plus mal que des tapes su'a yeule!

    Pas sûre que ce soit moins violent...

    ;o)

    Mais ça demeure socialement acceptable, ta manière. Pacifique en masse. Mais pas carpette pour cinq cennes. Ouais, c'est pas mal bon, ça! Pis ça fait du bien!

     
  • At 23 mai 2008 à 00 h 15, Blogger Guy Vandal said…

    Zoreilles: Oh la violence, dans mes paroles, tu dis!?!

    J'étais tellement fâché.

    J'avais une stratégie. Elle n'était peut-être pas infaillible, revoir la convention collective avant son échéance, mais, elle aurait pu marcher. Sauf que, ce crétin a tout fait rater... en me laissant tomber, au moment opportun.

    Il était juste, un criss de lèche-cul. Une carpette, comme tu dis...

     

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